Trait pour trait - portraits d'écrivains

«Dans le fond, pour autant que je puisse me souvenir, les écrivains qui m'ont passionné, ce sont les écrivains qui aiment l'image, comme moi quand j'écris, j'écris en image.»

Robert Doisneau

Portraits d'écrivains au Scriptorial d'Avranches

Plus connu comme le photographe de Paris et de sa banlieue, du mémorable Baiser de l'Hôtel de Ville (1950) ou des écoliers de la rue Buffon, Robert Doisneau réalisa, entre 1942 et le début des années 90, près de 110 portraits d'écrivains. Portraits complices avec Robert Giraud, Jacques Prévert ou Blaise Cendrars, portraits de commande pour Le Point, Vogue ou Femme. C'est un panorama de la France littéraire qui s'esquisse dans toute sa diversité.

L'exposition rassemble 70 photographies, dont de nombreuses totalement inédites. Elle propose également en contrepoint des portraits des documents manuscrits et des ouvrages de bibliophilie relatifs aux écrivains portraiturés. Cette exposition est organisée avec le concours de l'Atelier Doisneau, de l'IMEC à Caen, du musée des Lettre et Manuscrits de Paris et du musée d'art moderne Richard Anacréon de Granville.

Robert Doisneau a entretenu un commerce étroit et continu avec le monde littéraire. Les relations nouées avec Cendrars, Giraud et Prévert ont été déterminantes dans la construction de son univers. A contrario, ses photographies ont inspiré la plume d'auteurs comme Cavanna et Daniel Pennac. Derrière ces rencontres, il y a avant tout des amitiés, une vision du monde et de la vie partagée. C'est toujours l'homme que Doisneau cherche derrière l'auteur : « Il vaut mieux avoir lu l'oeuvre de l'écrivain dont on veut tirer le portrait ! Mais pour moi, l'important est d'établir une complicité. Je ne sépare jamais l'homme de l'oeuvre. » Aucun portrait ou presque, plume à la main, toujours in-situ, jamais en studio. L'arrière plan joue un grand rôle dans ces photographies, il est signifiant, il participe à la description du caractère. On peut distinguer trois catégories de portraits, les portraits complices de ses amis écrivains, les portraits de commande à destination des magazines ou à l'occasion de publication voir à la demande des auteurs et enfin les portraits réalisés sans destination principalement lorsque Doisneau fréquentait la rive gauche au sortir de la guerre et jusque dans les années 50. Dans cette galerie de portraits, les figures emblématiques de la littérature française du XXe siècle côtoient les écrivains des marges comme les éphémères jeunes talents.