Paris en liberté
«Aujourd'hui j'ai pris de l'assurance, je vais à Paris tous les jours ; cependant je ne peux me défaire de l'impression d'y être en visite. L'enfance banlieusarde me colle à la peau. Paris, c'était de l'autre côté des fortifs... Donc je n'ai pas droit à l'appellation contrôlée de Parisien et pourtant je la connais, cette ville, pour l'avoir parcourue en piéton dans tous les sens.»
Une promenade affranchie de tout déroulé chronologique
Près de soixante ans séparent la plus ancienne photographie prise par Doisneau, et exposée salle Saint-Jean, de la plus récente. Les expositions qui ont jalonné sa carrière l'ont incité à plusieurs reprises à effectuer des recherches graphiques sur ses images (ce qu'il appelait ses « bricolages photographiques »). Un aspect méconnu de son travail et rassemblé pour la première fois à l'occasion de cette exposition.
Dans la vie de Doisneau, la photo était omniprésente, dévoreuse des vingt-quatre heures que comptait la journée. Photos de commande, industrielles ou publicitaires, photos improvisées dans l'atelier-studio-appartement familial de Montrouge, photos de presse (il était porteur de la carte n° 2310), mais aussi photos « volées à ses employeurs » et glanées dans le quotidien de la ville avec la patience infinie du chercheur d'or.
Le 25 septembre 1993, il a pris sa dernière photo, laissant derrière lui quatre cent cinquante mille négatifs qui constituent un monde à part entière. Paris en est la capitale bien sûr. Et chacun de nous feuillette avec bonheur, sourire aux lèvres et cœur battant, cet album familial.